Le français a fini par gagner à Star Académie
La sixième édition de Star Académie fut sûrement celle où on a entendu le plus de chansons anglophones.
Comme tant d’autres téléspectateurs, j’ai eu l’impression que les trois professeurs, Lara Fabian, Ariane Moffat et Gregory Charles, avaient d’abord laissé leurs pupilles libres de choisir les chansons qu’ils souhaitaient interpréter. Les diverses plateformes diffusant surtout des chansons américaines et anglaises, ce sont elles que fredonnent et mémorisent les jeunes. Ce sont elles aussi qu’avaient choisies les académiciens pour leurs premières prestations.
Cette profusion de musiques anglophones est arrivée à un mauvais moment. Les Montréalais sont de plus en plus inquiets du recul du français dans la métropole et les efforts pour demander qu’on revitalise la vieille loi 101 ne cessent de s’accentuer. Même à Ottawa – ce qui est loin d’être commun –, on s’inquiète de la situation du français à Montréal et dans les milieux francophones hors Québec.
Les chroniqueurs de télé sont-ils responsables du changement qui s’est opéré à Star Ac ? Les producteurs sontils intervenus ? Les profs ont-ils subitement pris conscience de l’incongruité de la situation ? Quoi qu’il en soit, le cours des choses s’est inversé et les dernières émissions ont fait une meilleure place à la chanson française et québécoise.
LA BARRE EST HAUTE POUR 2022
Pour leur ultime prestation, les finalistes ont même choisi deux chansons de Jean-Jacques Goldman, créées spécifiquement pour Céline Dion il y a une vingtaine d’années. Lunou Zucchini a interprété avec un succès relatif Vole, chanson écrite à l’intention de Karine, une nièce de Céline emportée par la fibrose kystique. William Cloutier, lui, y est allé d’un sans-faute avec Et je t’aime encore.
Malgré un départ incertain, l’absence de public en studio et des restrictions sanitaires contraignantes, Star Académie 2021 a placé la barre haut pour l’édition de l’an prochain. La série fut peut-être inégale, mais elle a donné lieu à des numéros spectaculaires – ceux de Mika en particulier –, à des scènes émouvantes et à des moments d’humour et d’autodérision inattendus. Les chorégraphies inventives de Team White ont étoffé plus d’un numéro.
Le choix de Patrice Michaud comme animateur était cassegueule. Comme le dit l’une des chansons de Michaud, il « l’a joué kamikaze » et son plaisir comme le nôtre a crû avec l’usage. Faire oublier Julie Snyder n’était pas une mince affaire. En choisissant le chanteur folk de Cap-Chat, Productions Déferlantes a tenté un tout autre registre et a gagné.
CLAUDE, ALBERT ET LES AUTRES
C’est le titre étonnant qu’avait choisi l’indomptable polémiste et auteur Claude Jasmin pour l’émission littéraire d’une heure que nous avions décidé de diffuser le dimanche soir à 22 h 30 sur les ondes de Télévision Quatre-Saisons. Je dois avouer que les grands patrons ne croyaient pas du tout à une émission consacrée à la littérature. C’était sans compter sur la verve inépuisable, le langage pittoresque et le rire communicatif de Claude.
Si mon souvenir est bon, le sondage BBM d’automne a déterminé que Claude, Albert et les autres avait en moyenne attiré 74 000 spectateurs. Deux fois plus que ce qu’on espérait ! La grande gueule de Claude et ses talents de conteur avaient confondu les sceptiques. Pour des raisons que j’ignore n’étant plus aux commandes de TQS depuis février 1987, le contrat de Claude Jasmin ne fut pas renouvelé et l’émission prit fin en avril.
Claude n’est plus. Notre ère d’extrême rectitude a fait disparaître avant lui l’art de la polémique dont il avait le secret.