Carnaval et carnavaliers
Retrouvez la rubrique d’art et d’histoire du pays Mentonnais, avec la SAHM, qui retrace cette semaine l’évolution du carnaval et de ses acteurs.
la fin du XIXe et au début du XXe siècle à Menton, comme à Cannes, Monaco ou à Nice, ils sont « les artisans cachés du Carnaval… des artistes de l'ombre ».
Être carnavalier, ce n'est pas à proprement parler un métier, plutôt une passion (à côté, chacun exerce bien souvent un véritable emploi). En général, ils se rassemblent par famille ou bien par groupe issu d'un même quartier.
Quel processus préside aux projets ? D'abord, il faut trouver une idée maîtresse, s'en emparer et la revisiter avec humour en grossissant le trait jusqu'au grotesque. Bien souvent, c'est l'actualité qui fournit le fil rouge. Cependant la modernité des moyens de transport procure le support visuel : la voiture, le chemin de fer (express Nice-Coni avec une tortue ou le train des Pignes), le téléphérique de SainteAgnès, le tramway urbain qui a tant causé de souci pour la hauteur des chars festifs en raison de son alimentation aérienne (1902) ou celui pour se rendre à Sospel (1913), l'aviation ou les canots automobiles (Monaco et ses meetings ne sont pas loin), voire une fusée ou un radeau (de la Méduse)... Un escargot géant, un Chantecler sonore, un âne (de Gonfaron ou de Gorbio) ou toute autre bestiole, représentée avec humour, peuvent convenir. La liberté de création – pour faire rêver ou sourire – est sans limite. La seconde étape est confiée à un dessinateur du groupe. Parmi les plus connus de ces créateurs de rêve, Charles Béglia (1887-1963) et François Ferrié (18951987). À partir d'octobre, vient le début des travaux. Les premiers à entrer en lice, sont ceux qui savent sculpter, afin de confectionner les visages à partir de l'argile. Elle sert à fabriquer des moules de plâtre que des mains expertes recouvrent de nombreuses couches de papiers badigeonnées d'une colle maison faite de farine et d'eau chaude ; certains secrets restent bien gardés. Une fois le modèle définitif réalisé, une ossature fer/grillage/bois/boulons/clous rigidifie le sujet principal sur le plateau du char porteur, cela se fait dans un grand hangar ou derrière de grandes bâches... à l'abri des regards furtifs. Dernière étape, il faut peindre tout le carton-pâte ainsi confectionné et assemblé, voire l'habiller de tissu. Des milliers d'heures sont nécessaires à la confection d'un char ou des grosses têtes composant un groupe. Elles aussi sont essentielles au succès des corsi carnavalesques qui défilent au coeur de notre ville. Comme tous les ans, le carnaval attire une foule nombreuse qui se presse sur le parcours. 1919, les gardiens de cet art populaire ne semblent pas être revenus de la guerre