7 Jours

PIERRE LAPOINTE LA TOURNÉE REPREND VIE!

- PAR PATRICK DELISLE-CREVIER

Le chanteur reprend sa tournée. «J’ai une vingtaine de spectacles d’ici juin et j’ai décidé d’en faire un spectacle solo au piano. Ce qui est difficile, c’est que seulement une centaine de personnes pourront assister au spectacle, contrairem­ent aux 500 prévus au début. Sinon, je signe en ce moment une musique de film avec mon ami Philippe B. Le titre du film est L’origine du mal. Je suis très emballé par ce projet», a raconté celui qui a aussi profité de cette pause pour faire de la musique. «J’ai travaillé à des chansons, mais je ne veux pas sortir un cinquième album en cinq ans. Je vais retenir mes chansons quelques années.»

Le chanteur Mika est maintenant arrivé au Québec et sera directeur artistique à Star Académie. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec lui alors qu’il était en quarantain­e en pleine campagne. Au cours de cette entrevue, nous avons eu l’occasion de discuter avec lui de son confinemen­t, de son entrée à Star Académie, de création musicale, mais aussi des derniers mois qui furent émotifs pour l’artiste puisqu’il a vécu le deuil de sa mère.

Mika, comment ça va?

Ça va bien, même si nous sommes dans une période étrange. Ça fait un an que nous vivons tout ça. J’ai dû annuler ma tournée et plusieurs événements, mais, en même temps, j’ai décidé de transforme­r tout ça et d’en faire une période créative. J’en ai profité pour faire de la musique, mais aussi pour me reposer un peu.

Au moment où on se parle, tu es en quarantain­e à la campagne au Québec. Comment ça se passe?

Je suis actuelleme­nt à une heure trente de Montréal. Je suis entouré d’arbres et de neige. Aujourd’hui, c’est la troisième journée que je passe seul ici. Pour moi, c’est déstabilis­ant de faire ça seul. Les gens de la production de Star Académie m’apportent des provisions qu’ils laissent à ma porte. Je remplis un questionna­ire chaque jour sur mon état de santé. Je préfère quand même faire une quarantain­e plutôt que devoir annuler. En ce moment, j’ai l’impression d’aller à contresens de la dynamique que je vivais depuis un an, puisque j’annulais tout le temps des projets. C’est donc ma petite résistance à moi, mais tout en suivant les règles. J’ai fait un magnifique spectacle du Nouvel An à Versailles et un concert pour Beyrouth. C’est ma manière à moi de ne pas me limiter à chanter dans nos cuisines, mais bien entendu, j’ai suivi les protocoles sanitaires.

Plusieurs se sont résignés à ne pas faire de spectacles ou à opter pour le virtuel. Toi, tu as été plus coriace. Est-ce que ç’a été difficile de réaliser le tout?

Ça a demandé beaucoup d’organisati­on. Par exemple, pour le spectacle Mika: Je t’aime Beyrouth, je tenais à faire ce concert afin de venir en aide au Liban, qui a été victime de deux puissantes explosions. Pour présenter ce spectacles dans un tel contexte, il faut de la créativité. Et comme il est pratiqueme­nt impossible de trouver un producteur en ce moment, j’ai décidé de produire moi-même mon spectacle à Beyrouth avec mon assistante. En fait, un truc qui devait avoir lieu dans mon jardin avec une équipe de 12 personnes a finalement monopolisé 280 personnes dans sept pays différents. Le spectacle avec l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles a aussi été important pour moi, parce que ç’a été la dernière fois que ma maman a pu me voir en spectacle. Elle est décédée quelques jours après, emportée par le cancer. Ce spectacle a été fait devant un public restreint et masqué. Je suis très fier de

l’avoir fait! Mais en ce moment, proposer des spectacles, c’est un défi chaque fois. Il faut tout construire de manière différente. Je pense que ça va changer notre façon de faire, même après la pandémie.

As-tu tout de même pu te reposer un peu dans la dernière année?

Oui, je me suis reposé quand j’étais à Athènes. Au départ, quand la pandémie a débuté, j’étais en Australie. Ensuite, mes spectacles en Asie ont été annulés, et tout tombait. Je suis donc rentré en Europe. Mon conjoint est grec, et il n’avait pas de Green Card pour entrer aux États-Unis. L’Italie étant fermée, on a donc décidé de passer quelques mois à Athènes. Ce fut une belle période au cours de laquelle j’ai pu passer du temps avec mon amoureux, Andreas. Durant le confinemen­t, nous avions le droit de sortir uniquement pour faire du sport. Donc, tous les jours, j’allais courir autour de l’Acropole. J’ai vécu le printemps et la Pâque orthodoxe en Grèce. Ces bons moments de calme que j’ai passés avec mon amoureux m’ont permis de reprogramm­er mon cerveau.

Mais tu as décidé de ne pas reprendre ta tournée après la pandémie et de passer à autre chose, pourquoi?

Parce qu’en un an, mon album a fait son chemin. Depuis, il s’est passé tellement de choses dans ma vie que j’ai maintenant envie de m’investir dans l’écriture de nouveau matériel. En ce moment, je veux cultiver le côté euphorique et improbable de la vie.

Qu’est-ce qui t’a amené à dire oui à Star Académie?

J’ai trouvé l’idée un peu dingue, mais comme d’habitude, les idées un peu improbable­s me plaisent. Mais je vis toujours une expérience créative avec le Québec qui m’a toujours apporté quelque chose. J’ai une grande liberté avec Star Académie, ça m’a vraiment plu.

Comment expliques-tu cette connexion spéciale avec le Québec?

D’une manière assez simple: il y a un côté de ma vie qui est très américain, très new-yorkais. J’ai aussi grandi en Europe, à Paris et à Londres et, tout à coup, je me retrouve à Montréal, un endroit où il y a le mélange des cultures francophon­e et européenne, et ce côté nord-américain. J’ai trouvé ce mélange tout à fait séduisant et rassurant. En plus, les standards ici sont ceux de l’excellence. C’est quelque chose de très rare et de très charmant. Le Québec a une personnali­té et une identité bien différente­s, et je me reconnais beaucoup là-dedans. L’Orchestre symphoniqu­e de Montréal est le premier orchestre avec qui j’ai chanté; ce fut le premier à me proposer une collaborat­ion. Mon premier aréna au monde, ce fut le Centre Bell. Donc, j’ai vraiment une connexion spéciale avec le Québec.

À quoi va ressembler ta collaborat­ion à Star Académie?

Je vais créer de grands numéros avec les Académicie­ns en plus de chanter avec eux. Je vais être un directeur «Je vis toujours une expérience créative avec le Québec qui m’a toujours apporté quelque chose.» artistique très candide et très direct à la fois. J’adore les gens qui font bien les choses, mais je dis aussi les vraies choses; c’est ce que je vais faire avec eux. C’est comme ça que j’ai été éduqué toute ma vie. Au début, je peux sembler très exigeant, mais au final, je veux créer quelque chose qui va transporte­r les téléspecta­teurs et les Académicie­ns. Ils vont travailler fort pour y arriver. Mais je suis très heureux de pouvoir participer à ce projet et j’ai bien hâte de commencer à travailler avec ces jeunes talents.

Il te reste quelques jours de quarantain­e, seul, que comptes-tu faire de ce temps?

En ce moment, tout le monde dans mon entourage sait où je suis. Donc, ils m’appellent tous ou me font des Zoom. Je pensais que j’allais être complèteme­nt déconnecté, mais ce n’est pas le cas. Comme je ne bouge pas, on peut me joindre facilement. Sinon, j’écoute beaucoup de musique et je planifie mes numéros de Star Académie. Je vais monter deux séquences, une semaine après l’autre, et des classes de maître avec les Académicie­ns. Ce sera un genre de medley qui raconte une histoire à travers la musique, la scénograph­ie, la mise en scène, le décor et les costumes. Ce sont vraiment de beaux projets. Je ne vais pas donner des leçons de chant en direct. Je vais vraiment faire autre chose avec eux et pousser leur créativité au maximum. Je veux les sortir encore plus de leur zone de confort.

En terminant, comment vois-tu la suite après la pandémie?

Je pense que je vais renouveler les choses. C’est pour ça que j’ai annulé ma tournée: j’ai envie de déclencher le prochain chapitre créatif de ma vie. Mon dernier disque, My Name is Michael Holbrook, était très personnel. C’était presque un film sur ma famille et ma vie intime. Présenteme­nt, ce que je suis en train de mettre en place est très différent; c’est une tout autre énergie. Ça a quelque chose de très libérateur. C’est très psychédéli­que et c’est un peu une réaction à cette période que nous vivons. Les derniers mois furent difficiles, avec la mort de ma maman; tout ça fut déstabilis­ant et perturbant. Ça a tout remis en perspectiv­e et c’est probableme­nt la chose la plus difficile et pénible que j’ai eu à vivre dans ma vie. Là, je suis en mode reconstruc­tion, j’ai envie de poursuivre dans la création et mon amour de la musique. C’est ce que ma maman m’a transmis de plus précieux.

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