Échos vedettes

Isabelle Boulay: sur un continent ou l’autre, elle continue d’être elle-même

- Isabelle et son amoureux, Éric DupondMore­tti. SAMUEL PRADIER

APRÈS AVOIR FÊTÉ SES 50 ANS À L’OLYMPIA DE PARIS, ISABELLE BOULAY LANCE, DÈS LE MOIS DE FÉVRIER, UNE NOUVELLE TOURNÉE, BAPTISÉE D’AMÉRIQUES ET DE FRANCE, AVANT LA SORTIE D’UN NOUVEL ALBUM ENCORE MYSTÉRIEUX. NOUS AVONS PU DISCUTER AVEC ELLE DE SES PROJETS, MAIS AUSSI DE SA RÉALITÉ DE MAMAN ET D’AMOUREUSE.

C’est en interpréta­nt dans une émission de télévision la chanson Le plus beau voyage, de Claude Gauthier, qu’Isabelle Boulay a eu le déclic pour sa nouvelle tournée. «En chantant la phrase “Je suis d’Amérique et de France”, je me suis dit que ce serait le titre du spectacle que j’imagine depuis longtemps. J’ai toujours chanté des chansons québécoise­s ou en anglais, ou des grands classiques français. Il y a aussi beaucoup d’artistes français qui ont fait des chansons à la façon américaine, et je voulais en faire un témoignage.»

Avec cette tournée, elle veut aussi mettre en avant son côté rock, qu’elle a toujours eu sans jamais vraiment le montrer. «J’ai toujours eu ce fantasme, mais aujourd’hui, je suis capable de l’envisager. Il y a quelque chose qui gronde en moi et qui a besoin de se manifester. C’est monté naturellem­ent.»

Avoir 50 ans lui permet certaineme­nt d’être plus libre de ses choix et d’assumer ses positions artistique­s. «Je n’ai pas l’impression de rajeunir, je ne suis plus jeune, mais il y a quelque chose de plus désinvolte chez moi. L’espiègleri­e et la désinvoltu­re, j’aime cette dualité qui me permet d’être tendre avec les gens, en leur disant la vérité, en leur faisant sentir que je les aime et que je les inclus, sans être dupe. C’est ça qui est beau.»

NÉE POUR CHANTER

Monter sur scène est comme un refuge pour Isabelle Boulay. «Je suis faite pour ça, m’extraire de la vie quotidienn­e pour permettre aux gens de se blottir dans l’espace du rêve, pour qu’ils quittent leur réalité. J’ai vraiment du plaisir sur scène, mais le plus important est de donner quelque chose. Chanter est comme une sortie de secours. Je vis presque de façon recluse. Je suis très discrète, mais j’emmagasine beaucoup d’émotions des histoires des autres, de ce que j’entends, de ce que je vois, de ce que je lis... À un moment donné, il faut que mon trop-plein trouve un chemin pour me soulager, et c’est sur scène que ça se passe.»

Elle se souvient aussi que, dès son jeune âge, elle chantait pour consoler les gens. «Dans les bars, les gens sont souvent esseulés, ils noient leur chagrin, mais quand ils entendent quelqu’un chanter, ils sortent de leur bulle. Chanter m’a donné la force de toujours retrouver mon chemin.»

CHANTEUR MYSTÈRE

Parallèlem­ent à cette tournée, Isabelle Boulay sortira également un nouvel album, dont elle ne veut pas dévoiler la teneur pour le moment, tout en donnant quelques indices. «Les détails vont arriver prochainem­ent, mais je peux dire que c’est un répertoire qui n’est pas gagné d’avance. En fait, je me suis décidée à faire cet album alors que la tournée était déjà programmée.»

Sur ce nouveau disque, à la manière de son album sur Reggiani, la chanteuse interpréte­ra les chansons d’un grand artiste français, mort depuis

quelques années, qui évoluait dans un style et un univers complèteme­nt différents. L’histoire de ce choix est plutôt rocamboles­que.

«Tout a commencé par un message de Yoan Garneau, qui m’a écrit pour me dire qu’il avait écouté les albums de ce chanteur mystère que je lui avais conseillés, et qu’une des chansons était faite pour moi. Quelques semaines plus tard, je me retrouve à un dîner chez le chanteur Mika, à Paris, et mon voisin de table est un auteur qui a traduit plusieurs de ses chansons en français. Il s’avère qu’il est aussi l’auteur de plusieurs titres de ce chanteur mystère.»

Pendant cette même période, elle voit, par pur hasard et à plusieurs reprises, un symbole qui se retrouve sur la pochette du dernier album posthume de son chanteur mystère. «Pour sceller le tout, en sortant d’un café où je suis allée rencontrer l’auteur de Mika parce que j’aimerais qu’il m’écrive des chansons, j’aperçois un commerce portant le nom de ce symbole que je vois partout. J’ai compris que je devais aller de l’avant.»

ANNIVERSAI­RE

Cette année, Isabelle Boulay célèbre aussi 30 ans d’une carrière bien remplie sur deux continents. «J’ai l’impression d’avoir commencé hier. Dernièreme­nt, je suis allée assister à la première de la nouvelle production de Starmania à Paris, et c’était comme si j’y étais hier. Ma mère me disait que, quand on s’arrête et qu’on regarde tout ce que j’ai fait, c’est impression­nant.» La chanteuse reconnaît en même temps que certains événements de son incroyable parcours ne lui ont laissé aucun souvenir. À titre d’exemple, il a fallu qu’on lui montre une vieille vidéo d’elle interpréta­nt Je ne suis qu’une chanson, de Ginette Reno, pour réaliser que c’était réellement arrivé. «J’avais certaineme­nt tellement peur de ne pas y arriver que ça a fait un trou dans ma mémoire. Je pense que j’ai toujours été portée par quelque chose, parce que quand je repense à certains moments, je me demande encore comment j’ai fait pour passer par-dessus tout ce que je vivais dans ma vie. En fait, chanter était ma dernière force, et c’est encore ça aujourd’hui.»

Ces trois décennies de succès entre le Québec et la France n’ont pas toujours été faciles à vivre, notamment en raison des voyages incessants entre les deux continents. «C’est difficile sur l’organisme. Quand la pandémie est arrivée, ça m’a fait du bien de ne pas voyager régulièrem­ent. Ensuite, quand j’ai pu retourner en France parce que j’étais pacsée (unie civilement) avec mon amoureux, je n’avais pas d’obligation de performanc­e sur scène. Pendant qu’Éric (Dupond-Moretti, son amoureux, est ministre de la Justice en France depuis juillet 2020) était au ministère dans la journée, je m’occupais de mes affaires dans notre appartemen­t. Je pouvais prendre le temps.»

Elle a aussi tenu à rectifier certaines informatio­ns concernant son fils, Marcus. «Il y a des gens qui pensent que je ne vois pas beaucoup mon fils parce que je suis entre les deux pays, mais je le vois énormément. Depuis qu’il est au monde, mon fils est ma priorité. J’ai choisi d’être avec lui le plus souvent possible. Les deux semaines où je suis au Québec, mon fils est avec moi. Les deux semaines où je retourne en France, je suis avec mon amoureux.»

Enfant, elle a vécu un peu la même chose lorsque son père partait travailler à l’extérieur, souvent pour plusieurs mois. Aujourd’hui, Marcus a 14 ans, et elle peut passer plus de temps en Europe si elle y a des obligation­s. «Mais je continue d’être une amoureuse au

Québec et d’être maman en France. Je suis toujours reliée aux deux. On continue d’être ce qu’on est, n’importe où.»

AMOUR À DISTANCE

Si elle reconnaît son envie parfois d’une vie plus normale, Isabelle Boulay est surtout consciente du bonheur qu’elle tient entre ses mains. «Autant mon amoureux que moi, on aimerait que l’autre nous attende quand on rentre à la maison, mais je ne peux pas exiger ça de lui, comme lui ne peut pas l’exiger de moi. Je pense que je serai toujours quelqu’un qu’on attend. Mais quand on est là l’un pour l’autre, on est entièremen­t présents. Je comprends parfaiteme­nt sa réalité, parce que c’est aussi la mienne.»

Au détour d’une phrase, elle confie même toute l’admiration qu’elle a pour son amoureux. «Même avant de le connaître plus intimement, je trouvais que c’était quelqu’un qui avait beaucoup d’audace, qui avait une colonne vertébrale. Il avait toute la dimension pour aller en politique. Et quand on aime quelqu’un, on l’aime totalement.»

«Je continue d’être une amoureuse au Québec et d’être maman en France. Je suis toujours reliée aux deux. On continue d’être ce qu’on est, n’importe où.»

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 ?? ?? À ses débuts dans la production Starmania, en 1995.
À ses débuts dans la production Starmania, en 1995.

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