Monaco-Matin

« J’ai été bercé assez tôt par l’esprit Bollywood »

Chargé par la princesse Caroline de la direction artistique du Bal de la Rose, Louboutin a proposé une plongée dans cet univers flamboyant, qu’il chérit.

- Christian PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY

Qui d’autre que lui aurait été capable de faire voyager le temps d’une nuit, les 800 convives du Bal de la Rose vers les décors bigarrés de Bollywood, la Mecque du cinéma indien. Christian Louboutin a cette capacité de rêver grand et il en a fait preuve hier encore, à la baguette de cette soirée de gala à la Salle des Étoiles.

En demandant à son ami, chausseur star, d’encadrer la ligne artistique du Bal de la Rose depuis 2020, la princesse de Hanovre savait qu’elle donnait au créateur une capacité de laisser libre cours à sa fibre inventive. Et le résultat a été à nouveau spectacula­ire, hier soir, pour plonger dans l’univers bollywoodi­en, que Christian Louboutin connaît bien, comme il l’a confié quelques heures avant de fouler le tapis rouge.

Le Bal de la Rose transporte les convives cette année vers l’atmosphère du cinéma indien. Si vous fermez les yeux en pensant à Bollywood, quelle sensation vous vient à l’esprit directemen­t ?

Je pense tout de suite à la musique de ces films et à la danse. J’ai été bercé assez tôt par l’esprit Bollywood. Adolescent à Paris, je fréquentai­s un cinéma qui ne diffusait que ces films et des comédies musicales égyptienne­s des années cinquante. C’est un thème que je trouve très festif. Si on ferme les yeux, et même si on les garde ouverts, on pense à la couleur, à la lumière et c’est joyeux. C’est pour cela que le thème paraissait idéal pour le Bal de la Rose. La

princesse Caroline, qui elle aussi connaît bien Bollywood et mon amour pour ce cinéma, me l’a suggéré.

Et vous avez écrit une sorte de petit conte de fées pour donner, comme au cinéma, un scénario à la soirée…

Tout à fait, un mélange de Cendrillon et de La Belle aux bois dormant. L’histoire d’une jeune fille qui doit aller au bal, regarde les vêtements qu’elle pourrait porter. Tout cela lui donne le tournis, elle s’évanouit et un personnage prédit qu’elle ne se

réveillera que par l’émanation de la pure beauté. Finalement, la seule chose qui la fait se réveiller, c’est un danseur qui interprète La Bayadère et lui apporte un soulier et un sari tellement beaux qu’elle reprend vie !

Vous êtes un grand amateur d’artisanat d’art. Est-ce que vos collection­s comptent des pièces de cet univers bollywoodi­en ?

J’ai une énorme collection d’affiches de films de Bollywood. Notamment de grands posters peints et pailletés. Il y a là-bas, une tradition de changer les affiches chaque semaine, en en proposant des différente­s, pour le même film. J’en ai toujours acheté comme je vais souvent en Inde et je m’y rends encore à nouveau dans quelques jours. Ces posters ont des couleurs extraordin­aires. Je viens d’ailleurs d’utiliser une partie de ma collection pour décorer le restaurant d’un petit hôtel que j’ouvre au Portugal, à Melides, à côté de chez moi.

L’iconograph­ie Bollywood a un côté kitsch assumé. En la mettant au coeur d’un bal

monégasque, vous comptez lui donner du glamour ?

C’est tout à la fois, le festif et le sérieux. Le Bal de la Rose est avant tout un événement caritatif. Ce n’est pas parce que l’on fait les choses avec grâce, délicatess­e et amusement qu’on les fait sans sérieux et sans labeur.

Qu’avez vous appris depuis l’an dernier, dans ce nouvel exercice qu’est l’organisati­on d’une soirée de gala ?

J’ai retenu qu’il y a Monaco, un grand profession­nalisme. Tout est possible dans cette Salle des Étoiles, qui a la hauteur sous plafond, une scène étudiée pour différents types de show. Il faut être au niveau et bien faire les choses. J’ai retenu aussi, que les spectacles sont plus beaux quand ils ne sont pas trop éclairés. Au cinéma, la lumière est travaillée pour l’image. Dans un théâtre, quand les choses sont trop brillantes, une magie disparaît dans l’oeil des gens. Il y a beaucoup plus de nuances quand il y a moins de lumière.

Compilez-vous déjà de nouvelles idées pour les bals des années à venir ?

Oui, différente­s choses sont envisagées. Désormais, je garde toute l’année dans un coin de ma tête des idées qui peuvent me venir, des inspiratio­ns, des images que je vois. Car c’est important de faire les choses avec du temps pour pouvoir les moduler, et les changer.

 ?? (Photos Cyril Dodergny) ?? Sur le tapis rouge hier soir, le créateur Christian Louboutin a pris la pose, ici aux côtés du chanteur Mika, dans les décors de ce deuxième Bal de la Rose auquel il donne son style.
(Photos Cyril Dodergny) Sur le tapis rouge hier soir, le créateur Christian Louboutin a pris la pose, ici aux côtés du chanteur Mika, dans les décors de ce deuxième Bal de la Rose auquel il donne son style.

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