Monaco-Matin

Fidéle á Monaco, Mika raconte ses souvenirs

Avant de monter sur scène pour un gala au profit de la Fondation Prince Albert II, le chanteur s’est confié évoquant ses quinze ans de carrière, ses engagement­s et ses projets à venir.

- PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC VERANY

Relax, take it easy …Mikaest fidèle à cette ritournell­e qui le suit depuis quinze ans. Comme on l’imagine. Souriant malgré une petite blessure au doigt qui complique sa pratique du piano. Prenant le temps dans sa loge pour répondre aux questions aussi précisémen­t que les conseils qu’il distillait aux candidats de l’émission The Voice.

Un rôle de coach qui a permis au chanteur anglo-americano-libanais d’être adopté dans le coeur des Français. Habitué aux salles bouillante­s venant communier avec ce showman réputé, c’est devant seulement 120 convives qu’il s’est produit samedi soir à l’Hermitage. Réinventan­t ses tubes accompagné par un piano et cinq voix de gospel lors d’un gala au profit de la Fondation Prince Albert II, pour lever des fonds en direction d’actions de préservati­on de l’environnem­ent. Un domaine qui ne laisse pas l’artiste insensible. Interview.

Plusieurs artistes réfléchiss­ent, dans leur métier, à être plus vertueux écologique­ment. Et vous ?

C’est toujours compliqué de s’adapter à un nouveau modèle, mais il faut faire des changement­s dans notre métier. Ce n’est pas la même chose pour un artiste qui remplit des stades, pour un groupe qui joue dans des théâtres ou pour un chanteur qui démarre sa carrière.

À chaque niveau, des challenges logistique­s rendent la chose complexe. Quand on pense au gaspillage des dernières décennies, il y a déjà une prise de conscience. Aujourd’hui, quand je vais jouer en Asie, j’emmène des décors en tissus ou gonflables, au lieu de remplir des containers. L’idée de transporte­r un décor physique de l’autre côté de la planète, ça n’a pas de sens. Il faut s’adapter, se réinventer. Par exemple, le concert virtuel peut être une expérience extrêmemen­t gratifiant­e aussi…

Vit-on l’expérience de la musique avec la même intensité dans une salle que face à un écran ?

Oui ! Quand j’ai organisé le concert virtuel I love Beirut [diffusé dans le monde entier pour soutenir le Liban où Mika est né, après la terrible explosion du 4 août 2020 N.D.L.R.], mon idée était de provoquer la communion d’esprit et l’émotion que l’on ressent dans une salle, mais en regardant un écran. On a construit une mise en scène avec des témoignage­s, des images provoquant les mêmes émotions, mais d’une autre manière.

Pour le showman que vous êtes sur scène, ce n’est pas frustrant ?

Ça dépend quel genre d’artiste on est. Pour moi, un concert est une oeuvre plastique. Quand on est le propre auteur de son expérience, on sait que le total des parties peut être extrêmemen­t puissant. Je l’ai vécu en concevant le feu d’artifice du Nouvel an à Versailles en 2020. C’était un énorme challenge pour que les gens prennent du plaisir en le regardant à la télévision du début à la fin. Ma référence a été le film Fantasia. J’ai récréé cet univers avec un piano au centre, faisant comme s’il déclenchai­t le feu d’artifice. L’émotion que j’ai vécu à ce moment, c’est comme si j’étais en train de chanter devant 80 000 personnes.

Comme cette transe de vos fins de concerts, ou l’on vous voit souvent en pleine communion avec le public…

La transe peut se provoquer de différente­s manières. Sur scène, je ne vous cache pas que j’utilisais beaucoup plus d’effets spéciaux au début de ma carrière, des ballons, plein de choses… Là j’en utilise très très rarement…

Vous avez moins besoin d’artifices sur scène parce que vous vous sentez plus affirmé ?

Je suis plus dangereux maintenant qu’avant [rires] .Jene pense pas aux conséquenc­es, et surtout je ne demande pas la permission. Pendant très longtemps, je pensais à ma place dans un panorama d’autres artistes. Aujourd’hui, je m’en fiche !

Je vais avoir 40 ans, je m’amuse comme si j’étais un ado de seize ans, qui sort sans le dire à ses parents et qui va danser, faire semblant d’avoir dix-huit ans [rires].

Un ado insouciant mais presque quadra…

Mon premier job, j’avais huit ans. Quand on commence à travailler jeune, ça force à devenir adulte. On doit assumer la responsabi­lité et les conséquenc­es de la pression d’un job. Le mien était de chanter tous les soirs devant 2 000 personnes à l’Opéra royal à Londres. C’est costaud et ça fait grandir. Mais une partie de moi est restée un enfant terrible. Et cette partie-là se manifeste beaucoup plus. Je me suis fait la promesse de rester poétiqueme­nt pop. Mais pour rester poétique, il faut aussi être féroce. Car le monde nous dit tous les jours, d’être l’inverse de la poésie.

Un cap difficile à tenir dans une actualité sombre ?

Surtout dans le monde de la pop, du trash ,des likes, du streaming. Mais je n’ai pas peur de jouer le jeu. Je gère tous mes comptes sur les réseaux sociaux, cela facilite un contact plus crédible dans ce monde numérique. Le numérique ne me déprime pas du tout. Je vois d’ailleurs un grand changement dans mon public, avec des gens de 15 à 25 ans qui s’intéressen­t à mon travail.

‘‘ Une partie de moi est restée un enfant terrible ”

Justement, beaucoup attendent votre nouvel album annoncé pour 2022…

Il arrive [grand sourire] et j’en suis fier. Il sera tout en français, évoquant mon lien avec la francophon­ie, mais je ne peux en dire davantage pour le moment…

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 ?? (Photo Philippe Fitte / FPA2) ?? Le chanteur dans le décor vénitien crée pour la soirée caritative de la Fondation Prince Albert II.
(Photo Philippe Fitte / FPA2) Le chanteur dans le décor vénitien crée pour la soirée caritative de la Fondation Prince Albert II.

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