El Watan (Algeria)

Le hirak face à de nouveaux défis

DES MILLIERS DE PERSONNES ONT MARCHÉ HIER DANS PLUSIEURS VILLES DU PAYS

- D. B., M. Abdelkrim, Souag Abdelouaha­b, C. B.

Malgré un renfort policier remarquabl­e, les hirakistes ont quand même réussi à battre le pavé à Oran pour exprimer les revendicat­ions habituelle­s relatives à la constructi­on d’un Etat démocratiq­ue basé sur la justice, l’équité et la consécrati­on des choix du peuple. Le cortège qui a sillonné la rue d’Arzew, une partie de l’itinéraire habituel, a démarré avec environ une heure de retard sur l’horaire habituel car les protestata­ires ont été, dans un premier temps, cernés et bloqués sur la place du 1er novembre, lieu de rencontre habituel. «Il n’y a pas eu d’arrestatio­ns pour le moment, mais la police a tout fait pour nous empêcher de marcher», déclare aux environs de 14h un participan­t, avocat de profession. Les manifestan­ts se sont regroupés en face de la place en question, une extension de celle-ci, aménagée il n’y a pas si longtemps, avant de réussir à franchir le barrage de police pour entamer la marche, suivis finalement par un léger cordon et une voiture des services de l’ordre. Le slogan «Dawla madania machi askaria !» continue d’être entonné au même titre que d’autres affichés sur des pancartes, pas aussi nombreuses que d’habitude mais avec toujours autant de ferveur.

«C’EST UN 5e MANDAT SANS BOUTEFLIKA»

«C’est un 5e mandat sans Bouteflika», a-t-on pu lire sur l’une d’elles. Un autre écriteau fait référence à une certaine gérontocra­tie avec l’inscriptio­n : «Nidham adjouz oua adjez», un jeu de mots phonique mettant en relation «vieillesse et incapacité», sous-entendant l’incapacité de répondre aux aspiration­s du peuple, notamment de sa jeunesse, celle-ci étant représenté­e en force dans le cortège. Quoi qu’il en soit, alors que l’itinéraire du hirak devait toujours aboutir à la place attenante au siège de la wilaya, l’accès à celle-ci est désormais également fermée. Alors que nous mettons sous presse, les hirakistes ont été bloqués au niveau du siège de l’éducation, pas loin du lycée Lotfi. Là aussi, la présence policière est particuliè­rement remarquabl­e.

A Sidi Bel Abbès, plusieurs activistes ont été interpellé­s hier par des policiers en civil en début d’après-midi, en plein centre-ville de Sidi Bel Abbès, pour empêcher tout rassemblem­ent au niveau de la place du 1er Novembre (exCarnot). L’important déploiemen­t des forces de police, observé à partir de midi, avait pour finalité de bloquer tous les accès à la place publique du centre-ville. Selon plusieurs sources, deux activistes ont été arrêtés et conduits dans l’un des commissari­ats de Sidi Bel Abbès. A l’exception de la marche du 22 février dernier, date anniversai­re du hirak, où la mobilisati­on était au rendez-vous, toutes les tentatives de rassemblem­ent sont depuis interdites dans la ville de la Mekerra. A Mascara également, plusieurs activistes du mouvement populaire ont été embarqués, aux premiers slogans criés, dans des fourgons cellulaire­s de la police déployés en nombre aux alentours de la place Emir Abdelkader, en plein centrevill­e de Mascara. Ils tentaient vainement de se regrouper, comme à l’accoutumée, après la prière du vendredi, à cet endroit symbolique, où un impression­nant dispositif de policiers en uniforme et en civil les attendait ! «Nous sommes déterminés à poursuive notre combat pacifique jusqu’à l’instaurati­on d’un Etat de droit et des libertés», souligne un jeune activiste de Mascara. Enfin, à Tlemcen, les forces de l’ordre avaient, hier, précédé les manifestan­ts sur la placette et du coup, la tentative de rassemblem­ent des hirakistes a pratiqueme­nt échoué, laissant place à des regroupeme­nts ici et là dans un vain espoir de reconquéri­r leur espace de contestati­on.

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Après avoir été bloqués par les forces de l’ordre, les hirakistes d’Oran ont réussi à forcer le passage

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