L’Algérie à la recherche d’un accompagnement international
Dans le Livre blanc résumant les effets des changements climatiques et les actions engagées
Réalisé à la demande du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, le livre blanc, portant sur l’évaluation de l’impact multidimensionnel des changements climatiques en Algérie et les efforts déployés pour en atténuer les effets, a été finalisé.
Ainsi, après un travail laborieux mené par une équipe multidisciplinaire sous la direction du ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chemseddine Chitour, des propositions ont été émises pour permettre à l’Algérie de faire face aux conséquences du dérèglement climatique. Mais aussi de demander un accompagnement de la part de ses partenaires pour mener cette lutte. Certes, cette étude n’est pas exhaustive comme l’ont souligné les rédacteurs du Livre blanc dans le préambule. Elle est cependant indispensable comme état des lieux. C’est une manière pour les participants de tous les départements ministériels, en première ligne de la lutte contre les effets importants de défendre la position de l’Algérie et de pointer du doigt la responsabilité des pays industrialisés qui, d’une certaine façon, ont la parade contre les perturbations climatiques. Ce qui n’est pas le cas justement des pays du Sud. D’où l’importance de ce document considéré par ses concepteurs comme le début d’une réflexion permanente sur le suivi des dégâts des convulsions climatiques passés, présent et même prévisibles. Le document dresse par ailleurs un listing de certaines des opérations mises en oeuvre par le pays pour en atténuer les effets. «Nous nous adressons à la conscience mondiale des pays industrialisés responsables, pour une immense part, de ces perturbations climatiques, en leur demandant un effort conséquent pour atténuer les effets désastreux sur les pays du Sud, notamment en Afrique», est-il indiqué dans le résumé du livre, dont nous avons pu obtenir une copie et dans lequel les rédacteurs parlent carrément «d’injustice climatique». Une situation à laquelle l’Algérie tente de s’adapter d’abord en respectant ses engagements. «L’Algérie se bat, elle mobilise, fait preuve d’ingéniosité, respecte ses engagements climatiques, notamment en procédant au torchage des gaz, pour diminuer son empreinte écologique en étant l’un des rares pays à tenter de séquestrer le gaz carbonique, en collaboration avec la multinationale BP.» Elle relance le Barrage vert, pour planter «des puits de carbone».
DES EFFETS DE PLUS EN PLUS VISIBLES EN ALGÉRIE
Le combat est d’autant plus difficile que les aides sont minimes et que les pays continuent à utiliser les énergies fossiles ! «Elle se bat contre le péril acridien pratiquement chaque année avec les conséquences potentiellement dommageables pour les récoltes», résume le document. Mais faudrait-il qu’il y ait une prise de conscience des pays du Nord. Dans ce cadre, l’Algérie appelle à redimensionner les fonds promis aux différentes COP, notamment la COP 21, pour prendre en charge les défis actuels. Elle revendique également d’être accompagnée dans les défis qu’elle lance pour atténuer autant que faire se peut les effets désastreux des changements climatiques. Des effets qui sont de plus en plus visibles et «alarmants» sur l’Algérie, et qui sont observés sur la pluviométrie, la dégradation des sols et l’érosion côtière. Les chiffres le montrent clairement. Plus de 13 millions d’hectares sont touchés par l’érosion, l’Algérie perd annuellement près de 400 000 ha à cause de ce phénomène. En outre, l’Algérie subit depuis les années 1970 une sécheresse récurrente avec une baisse de précipitations d’environ 10% durant les 20 dernières années, entraînant ainsi un dérèglement du calendrier agricole et une baisse des rendements des céréales allant jusqu’à 50%. Les experts prévoient l’accentuation de cette baisse à l’horizon 2040 avec une diminution attendue de 10 à 20% par rapport au niveau enregistré en 2011. Aussi, les inondations ont fortement touché certaines régions du pays à 10 reprises depuis 1971.
L’INACTION ÉVALUÉE ENTRE 280 ET 300 MILLIARDS DE DINARS/AN
Ce sont autant d’indicateurs alarmants qui ont poussé à l’élaboration du Livre blanc portant stratégie nationale de lutte contre les catastrophes naturelles causées par les changements climatiques. Une stratégie qui s’est imposée comme une mesure à prendre dans le court terme. Et ce d’autant que les conséquences des changements climatiques impliquent des enjeux économiques majeurs pour l’Algérie. Ainsi, à titre illustratif, le coût de l’inaction est évalué entre 280 à 300 milliards de dinars par an, ce qui représente 1,8% du PIB par an. «Il pourrait aller au-delà avec l’aggravation des effets des changements climatiques. En comparaison, le coût de l’action qui est nécessaire pour l’adaptation aux changements climatiques, est 1,5 à 5 fois inférieur au coût de l’inaction», prévient les concepteurs du Livre blanc. Donc, le temps est à la réaction tant au niveau national qu’international. D’où cet appel de la part de l’Algérie pour un élan de solidarité international sous forme de fonds appuyant la recherche scientifique et le renforcement des capacités des pays du Sud.