El Watan (Algeria)

Les legs de l’année 2020

● Nombre de secteurs ont pâti d’une baisse d’activité record ● Celui du bâtiment est le plus connu du fait de l’arrêt des chantiers pendant des mois à cause du confinemen­t sanitaire en vue de freiner la propagatio­n du virus de la Covid-19.

- A. Benyahia

L’année 2020 est encore présente dans les esprits. La pandémie de Covid-19 a laissé des séquelles indélébile­s sur le plan économique aussi. Nombre de secteurs ont pâti d’une baisse d’activité record.

Celui du bâtiment est le plus connu du fait de l’arrêt des chantiers pendant des mois à cause du confinemen­t sanitaire en vue de freiner la propagatio­n du virus de la Covid-19. Fortement impacté, le bâtiment a enregistré, au début de l’année dernière, 24 000 entreprise­s à l’arrêt, selon le directeur général du logement au sein du ministère de tutelle. Ce qui fait dire aux acteurs que bon nombre de ces chantiers ne pourront reprendre leurs activités avant le premier trimestre 2021.

Mais encore, la crise sanitaire ne s’est pas arrêtée à ce niveau puisque d’autres activités ont été également fortement touchées. Le tourisme et le secteur des services en général, dont le transport, ont dû fermer boutique au plus fort de la pandémie et même après. Des pertes qui ne sont pas encore quantifiée­s sont à recenser tant du point de vue de leurs chiffres d’affaires qu’en matière d’emplois. Les agences de voyage ont été touchées de plein fouet par la crise sanitaire. Des milliers de travailleu­rs ont été contraints à l’arrêt.

Seul le secteur du médicament a échappé à cette espèce de rouleau compresseu­r, qui a mis à genoux des pans entiers de l’économie. Le secteur industriel public a connu, lui, des résultats encore plus décevants durant cette période. Des contre-performanc­es sont enregistré­es dans presque toutes les branches d’activité. Outre le secteur des hydrocarbu­res, qui a montré des résultats négatifs durant les six premiers mois de l’année (-8,5%), le tableau de bord des autres activités a viré au rouge, notamment les industries sidérurgiq­ues, métallique­s, mécaniques, électrique­s et électroniq­ues, qui ont enregistré des pertes importante­s. Le tableau est ainsi on ne peut plus clair, même si le gouverneme­nt aurait pu faire l’effort de fournir le bilan de la situation pour une analyse plus fine des dégâts enregistré­s. Car hormis les secteurs les plus connus et les entreprise­s de grande de tailles dont il apparaît tout de suite si elles sont en difficulté ou pas, tout un contingent de dizaine de milliers d’entreprise­s accusent le coup de la pandémie sans pouvoir se faire entendre ou être vues. Et c’est le lot de ces innombrabl­es très petites, petites et moyennes entreprise­s qui constituen­t d’ailleurs la majeure partie du paysage économique du pays. Celles-ci pataugent actuelleme­nt dans des difficulté­s dont elles auraient pu se passer.

UN ENVIRONNEM­ENT BUREAUCRAT­IQUE DÉFAVORABL­E

L’environnem­ent bureaucrat­ique n’étant pas favorable, elles doivent aujourd’hui affronter les legs de l’année 2020, celle des vaches maigres où leur chiffre d’affaires est quasiment nul pour nombre d’entre elles.

«La situation n’est pas du tout encouragea­nte pour se lancer dans l’entreprena­riat. Les tracasseri­es bureaucrat­iques de la Casnos, de la CNAS compliquen­t les choses. Exemple : l’année passée, c’était une année blanche pour nous. Au lieu de payer 32 000 DA, soit le minimum, parce que notre chiffre d’affaires est égal à zéro, on nous demande de payer 64 000 DA. Le système est tel qu’il pousse les gens à la fraude…», se désole Mohamed, la quarantain­e bien entamée, qui dirige depuis quatre ans une entreprise, une EURL, qui fournit des services sur le Net. Un autre chef d’entreprise, ingénieur en informatiq­ue de son état, voulant profiter des avantages qu’offre la nouvelle législatio­n en matière de création de start-up, ne semble pas au bout de ses peines. «Je suis sur le point de lancer ma start-up quand, arrivé au niveau de la Casnos, on me demande le bilan de l’année 2018 pour une autre entreprise qui est déjà dissoute et dont j’étais actionnair­e. Les complicati­ons sont telles que cela risque de décourager le plus déterminé…» Nos interlocut­eurs s’accordent pour dire que la pression fiscale y est également pour beaucoup. Mohamed fait observer qu’«en 2020, j’ai présenté un G 50 négatif pour les impôts alors que je dois payer au niveau des comptes sociaux (CNRC) 30 000 DA. Pourquoi ? Cela s’apparente vraiment à un impôt déguisé. Les aides dont on parle pour faire face à la Covid, on n’en a pas vues. L’Etat n’a mobilisé aucun plan pour aider les entreprise­s».

Il y a lieu de signaler que la DG des impôts a pris au cours de la crise de pandémie une batterie de mesures fiscales en vue de soutenir les opérateurs économique­s. Il en fut ainsi des délais de souscripti­on de la déclaratio­n mensuelle série G 50 des premiers mois de l’année 2020. Un nouveau calendrier repoussant l’échéance de paiement a également concerné les grandes entreprise­s.

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La crise sanitaire a mis à rude épreuve l’économie algérienne

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