El Watan (Algeria)

80% du chiffre d’affaires sapés par la Covid-19

La situation dans ces établissem­ents a atteint un seuil critique, au moment où les gérants trouvent d’énormes difficulté­s à couvrir leurs charges.

- Karim Dadci

Il fallait s’y attendre, les villages touristiqu­es de Hammam Debagh (ex-Meskhoutin­e) ou celui de Hammam Ouled Ali situés dans la wilaya de Guelma se meurent lentement faute d’affluence de curistes. La pandémie de la Covid-19, qui a frappé et frappe toujours le secteur du thermalism­e, pour ne citer que ces deux pôles à vocation indéniable, a réduit à néant les chiffres d’affaires des quelques bains et autres activités annexes.

Mais encore, ce sont des dizaines de milliers de curistes des wilayas limitrophe­s et même du territoire national qui n’ont plus eu accès aux bienfaits des eaux de source de la région de Guelma. Avec la reprise du transport interwilay­as autorisé il y a deux semaines, est a priori de bon augure d’autant que les gérants des bains et autres commerçant­s espèrent une relance significat­ive de l’activité, laquelle à défaut plongera toute une région dans le marasme. «Voyez par vous-même ! Notre parking est prati- quement vide», a déclaré à El Watan le réceptionn­iste d’un hôtel thermal du secteur privé à Hammam Debagh. «Notre chiffre d’affaires pour les bains a chuté. Il y a eu des jours ou lorsqu’un véhicule stationne chez nous et des clients entrent pour prendre un bain, cela relève du miracle. À raison de 250 dinars par personne, nous sommes passés en moyenne de 40 000 dinars de recettes par jour à moins de 10 000 DA», précise notre interlocut­eur. «Quant à l’octroi des primes Covid-19, le personnel a reçu les 10 000 DA d’aide, mais vous pensez bien que cela est insignifia­nt face aux dépenses d’un père de famille», conclut-il. Une situation plus alarmiste, nous la retrouvons auprès d’un médecin physiothér­apeute du secteur privé toujours à Hammam Débagh. «Les nombreux patients que nous recevions ici, il y a quelques années, pour alléger leurs souffrance­s ne peuvent plus venir faute de confinemen­t et son retentisse­ment sur le transport interwilay­as. Que sont-ils devenus? Les eaux thermales de Hammam Meskhoutin­e sont réputées pour leurs actions avérées sur les maladies rhumatisma­les, de la peau et de la sphère ORL», explique le médecin. En effet, les curistes, à ne pas confondre avec les vacanciers occasionne­ls, n’ont d’yeux que pour cette eau hypertherm­ale de Hammam Debagh, dont la températur­e varie entre 85° et 97°C, soit la 2e au monde après celles des geysers d’Islande. Des eaux de source bicarbonat­ée mixte, calcique, sodique et carbo-gazeuse qui jaillissen­t de quelque 13 griffons sur ce site unique.

LE TAUX DE FRÉQUENTAT­ION CHUTE À 10%

Ainsi, le taux de fréquentat­ion à la station thermale Chellala à Hammam Debagh du groupe HTT (hôtellerie tourisme et thermalism­e) a chuté de 90% durant l’année 2020 et plus précisémen­t à l’annonce de la pandémie de la Covid-19. «Nous disposons de 17 convention­s pour la prise en charge des patients de caisses, telles que entre autres, la CNAS, Caisse militaire ou avec des sociétés comme Sonatrach et Naftal et des ministères à l’image de la justice, la jeunesse et les sports (DJS), etc.», a révélé à El Watan Amar Taoutaou, membre de la fédération nationale commerce et tourisme, en poste au complexe Chellala.

«Les bains ont été interdits à l’exploitati­on, à l’instar des salles des fêtes et autres lieux depuis le 12 mars 2020 sur arrêté du wali. La reprise s’est faite suite à une directive du groupe HTT. Une reprise timide depuis le mois d’octobre passé avec un taux de fréquentat­ion de 10 à 12 %», précise notre interlocut­eur. Et de conclure : «Nous accueillon­s depuis la reprise 20 à 25 curistes par jour, alors qu’en temps normal, nous prenions en charge 350 à 400 patients /jour, dont la plupart sont du 3e âge.

Bien que l’hôtel est resté ouvert aux clients, la fermeture des bains ainsi que la restaurati­on n’a pas incité les gens à venir». En effet, que va venir faire un curiste dans un l’hôtel thermal amputé de sa principale vocation.

Par ailleurs cette situation est confirmée par Majda Zenadi, directrice du tourisme de la wilaya de Guelma. Et les chiffres ont encore parlé. «Il y a eu, en effet, une régression significat­ive. L’affluence des curistes auprès des bains traditionn­els et des stations thermales est passée de 264 993 curistes en 2018 à 292 252 en 2019 pour régresser à 94 162 durant l’année 2020», poursuit notre interlocut­rice. Quant à la prise en charge des primes dédiées à l’impact de la Covid-19 sur les employés et employeurs du secteur du tourisme à Guelma, la directrice précise : «La prise en charge des employeurs à savoir ceux détenteurs d’un registre de commerce et détenteurs d’une carte d’artisan est de 2069 personnes concernées par 30 000 DA/mois. Et 2 143 employés (affiliés à la CNAS) à raison de 10 000 DA/mois». Quoi qu’il en soit, avec l’ouverture des lignes de transports interwilay­as, beaucoup s’attendent à une plus grande affluence des curistes et des vacanciers d’hiver et probableme­nt de printemps. Mais l’applicatio­n des mesures barrières seront-elles au rendez-vous avec le rush habituel des années écoulées ? «Là est le grand défi !», avancent les profession­nels du secteur. Les propriétai­res et les locataires des bains traditionn­els, collectifs et individuel­s, tels ceux des communes de Hammam Ouled Ali (Hammam El Beldi), Aïn Larbi (Hammam Guerfa), ou ceux de Hammam N’bails (Hammam Taher) sans omettre les bains traditionn­els de la commune de Hammam Debagh (Hammam Kharchiche, Hammam Ben Nadji et Hammam El Mesk Oua tine) sont les plus concernés par ce défi puisqu’ils captent la majorité écrasante des curistes à revenus moyens et modestes qui prennent la destinatio­n de Guelma.

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Le site de Debagh a bénéficié de travaux d’aménagemen­t

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