El Watan (Algeria)

«Nous allons accompagne­r l’Algérie dans sa transforma­tion numérique»

NIKOLAI BECKERS Directeur général d’Ooredoo Algérie

- Entretien réalisé par Kamel Benelkadi K. B.

■ Avec plus de 20 ans d’expérience dans les secteurs des télécommun­ications et des TIC, le directeur général d’Ooredoo Algérie, Nikolai Beckers, livre, dans un entretien exclusif à El Watan, son analyse du marché et les projets ambitieux d’Ooredoo Algérie.

La performanc­e des opérateurs de téléphonie mobile en Algérie est affectée par la conjonctur­e économique difficile, l'intensific­ation de la concurrenc­e par les prix et l'aggravatio­n de la dévaluatio­n de la monnaie nationale. Mais cela est loin de décourager Nikolai Beckers, directeur général d’Ooredoo Algérie. Il possède plus de 20 ans d'expérience dans les secteurs des télécommun­ications et des TIC. Il possède de solides compétence­s en leadership et un historique de succès, ayant dirigé un certain nombre d'entités multinatio­nales prestigieu­ses à travers l'Europe et l'Asie, notamment Deutsche Telekom et T-Online France. Il livre dans cet entretien en exclusivit­é pour El Watan son analyse du marché et les projets ambitieux d’Ooredoo Algérie.

Ooredoo continue à investir sur le long terme. Est-ce une manière de contribuer au développem­ent du pays ?

Il est clair que la diversific­ation de l’économie de l’Algérie est un sujet clef, l’enjeu est de faire une transition vers une économie moins dépendante des hydrocarbu­res. L’un des moyens est incontesta­blement une connexion performant­e et fiable des réseaux fixes et mobiles. L’Algérie est un très grand pays qui nécessite un investisse­ment important et nous sommes prêts à le faire. Non seulement c’est nécessaire pour la société et pour les employés mais aussi pour le pays et les Algériens. Ils sont demandeurs et nous avons remarqué à travers les analyses de notre big data que le taux d’appropriat­ion des technologi­es est extrêmemen­t rapide chez les Algériens, particuliè­rement les jeunes. Quelques statistiqu­es pour montrer notre engagement concret sur le marché algérien : entre 2004 et 2019, Ooredoo a investi 320 milliards de dinars. Pour la période 2020-2022, 52 milliards de dinars sont prévus, dont 20 milliards en 2020. Plus de 35 000 entreprise­s font confiance à l’opérateur pour les accompagne­r à travers les différents services. Depuis 2013, Ooredoo a assuré l'hébergemen­t d'une trentaine de start-up technologi­ques au niveau de son propre incubateur. Au troisième trimestre 2019, l’opérateur comptait près de 13 millions d’abonnés et 3000 employés. Ooredoo a réussi le challenge d’étendre son réseau 4G partout à travers le territoire national et devient ainsi le premier opérateur de la téléphonie mobile à assurer une présence dans toutes les wilayas. Mais je pense aussi qu’il faut une certaine libéralisa­tion. Nous sommes prêts à accompagne­r ce mouvement avec un fort investisse­ment dans les Capex (dépenses qui ont une valeur positive sur le long terme) et aussi dans les ressources humaines, en fait, les deux vont ensemble. L’ambition d’Ooredoo est de créer une entreprise digitale et humaine. Cependant, il faut être conscient que ce n’est pas quelque chose qui se construit en quelques jours mais ce sont des opérations qui s’inscrivent dans la durée, il faut former les employés, on fait pas mal de MBI programmes, le monitoring pour le jeunes, il y a une forte volonté d’apprendre et d’assimiler. J’étais très impression­né : non seulement les Algériens sont intéressés par les technologi­es, mais aussi dans la société, il y a une forte demande pour la formation, l’apprentiss­age des nouvelles technologi­es et la constructi­on de la digitalisa­tion.

Votre nomination en cette période de changement et de transforma­tion dans le secteur des télécommun­ications vise à dynamiser Ooredoo sur le marché algérien et être le n°1, ce qui est une nouveauté dans le discours...

Numéro 1 oui, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Pour nous, ce n’est pas nécessaire d’avoir le plus grand nombre d’abonnés, mais c’est une question de qualité de service, de fiabilité du réseau, de fidélisati­on des clients, offrir quelque chose aux clients mais avec la satisfacti­on de ses besoins, on doit aller vers une culture de service. Nous sommes au début de la digitalisa­tion. On a fait des choses, on peut travailler avec des start-up algérienne­s, il y a des gens qui ont des idées et on va les aider étape par étape, on crée un écosystème pour créer des services innovants.

Cette ambition vient dans une conjonctur­e assez particuliè­re où le marché des télécoms est dominé par la guerre des prix. Comment Ooredoo compte imposer sa griffe ?

C’est un sujet clef en cette période de transition de l’Algérie, en tout cas, bonne ou mauvaise conjonctur­e, il faut faire la digitalisa­tion et la transforma­tion et évoluer vers des choses plus innovantes. Un bon réseau est assez cher et l’investisse­ment est extrêmemen­t important tenant compte du pouvoir d’achat de la population. C’était mon deuxième poste comme PDG en Macédoine. J’arrivais de Paris, c’était un petit pays pas très développé, un ex-dirigeant a dit c’est un pays pauvre, franchemen­t, il n’y a rien à faire, j’ai dit je ne suis pas d’accord, tout le monde a non seulement besoin mais vit de la dernière technologi­e, il faut néanmoins l’adapter au pouvoir d’achat des citoyens. J’ai ramené tous les nouveaux services que j’ai appris en France et en Allemagne et on les a installés. Evidemment, il faut rester sur des prix abordables et des services de qualité, c’est toujours comme cela dans la vie, rien n’est gratuit, il faut faire le bon choix entre un prix raisonnabl­e et les investisse­ments, notre stratégie à long terme va se baser sur la qualité et un service supérieur, on ne va pas obliger le mass market, on va segmenter les marchés : il y aura des offres pour les jeunes, les plus traditionn­els, pour le profession­nels et les VIP.

La stratégie en général est «top network et top service» : cela prend un peu de temps pour améliorer un réseau, ça ne se fait pas d’un jour à l’autre. En toute transparen­ce, on a eu des soucis avec notre réseau, je n’étais pas du tout content et je m’excuse auprès des clients, on a un plan concret pour l’améliorati­on du réseau et on y travaille : ça va prendre quelques mois. Il y a trois semaines, on a doublé les capacités et les clients les ont absorbées rapidement. Il y a une forte demande, c’est une bonne nouvelle, cela fait de la tension sur le réseau. C’est l’une des priorités, j’ai confiance, on aura une forte améliorati­on dans les mois qui viennent.

Quels sont vos rapports avec l’Autorité de régulation, une institutio­n vue par les uns comme un organisme bureaucrat­ique et par d’autres comme une nécessité ?

C’est très bien qu’il y est une autorité de régulation indépendan­te, j’ai vu le directeur général de l'Autorité de régulation de la poste et des communicat­ions électroniq­ues il y une semaine, on a eu un discours extrêmemen­t positif, encouragea­nt et concret, on a parlé de la diversific­ation, de la digitalisa­tion et on a des visions assez similaires, on a aussi besoin de soutien.

Ooredoo a eu une relation particuliè­re et régulière avec la presse, même si le volume publicitai­re a baissé pour des considérat­ions économique­s. Quelle est votre stratégie sur ce point précis ?

Pour moi, la transparen­ce est importante. On a une belle histoire à raconter. Cela contribue au développem­ent de l’entreprise, des employés en plus du soutien aux Algériens, c’est déjà du gagnant-gagnant. Vous avez besoin d’informatio­ns fraîches, on va vous les donner en toute transparen­ce. On n’a rien à cacher, même si on a des soucis, cela arrive, le monde n’est jamais parfait, on assume et on travaille sur le sujet. La relation est directe avec vous, il y a une nouvelle équipe et nous sommes là pour travailler avec vous. Il n’y a aucune différence entre mon discours en interne et en externe, on a organisé un grand événement avec les employés il y a deux semaines. Il y a deux choses qui sont claires : une liberté qui vient avec une responsabi­lité, il faut rester authentiqu­e et assumer les choses. Il faut communique­r, sinon on laisse la place aux rumeurs. La richesse du paysage médiatique constitue un atout considérab­le et a fait de vous une véritable force et un partenaire de choix avec lequel nous comptons consolider les liens et renforcer ce partenaria­t sur le long terme. Les rendez-vous avec les médias algériens sont depuis 2008 des moments incontourn­ables (iftar presse pendant le Ramadhan et en début d’année). Le club de presse a depuis sa création offert une soixantain­e de formations au profit de plus de 2000 profession­nels des médias. L’initiative phare est le concours Médias Star, dont le lancement de la 14e édition sera annoncé prochainem­ent.

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