L’urgence d’une nouvelle politique du livre
L’Organisation nationale des éditeurs de livres (ONEL) lance un cri d’alarme quant à la situation qualifiée de «douloureuse» que traverse le secteur du livre en Algérie.
Cette situation, essentiellement caractérisée par un dépôt de bilan massif d’éditeurs, une transmutation fulgurante de librairies en commerce de tout genre et d’une reconversion implacable d’imprimeries du livre en imprimeries d’emballage, de boîtes et de packaging», lit-on dans le communiqué de l’organisation, qui précise que
«cette mutation générale s’est accompagnée -et a souvent été précédée- d’attitudes de renoncement à la lecture de la part du lecteur, d’abandon de l’acte d’écrire de la part de l’écrivain et de désintéressement de produire,
de la part de l’intellectuel. Ce sont là des prémices dont la conclusion menace l’avenir du pays, annonce la disparition pure et simple de la particularité de notre société et, par là même, prépare la dissolution de notre identité algérienne dans le vortex de la mondialisation». L’ONEL lance un appel au sens de la responsabilité de tous les acteurs, dont l’Etat, ses appareils et ses institutions, ainsi que la société, ses maîtres à penser et ses instances, afin de pallier ces «dangers imminents». «Le principal objectif serait, à notre sens, de remettre le livre et la culture à la place centrale qui est la leur
et qu’ils n’auraient jamais dû
quitter», précise-t-on. L’organisation réclame du ministère de la Culture de prendre les dispositions nécessaires pour que le livre soit instamment décrété produit stratégique, et ce, en mettant les moyens de l’Etat au service de sa production, sa distribution et la régulation de sa consommation. En outre, l’ONEL revendique l’application des différents textes relatifs au livre promulgués, mais qui ne sont pas entrés en vigueur. Il s’agit notamment de la loi sur l’exonération de la TVA sur le papier destiné à l’impression du livre, qui date de la loi de finances complémentaire 2010, et de la loi 13-15 sur les activités et le marché du livre, datant de juillet 2015. Les éditeurs insistent aussi sur la mise en action du Fonds national pour la promotion et le développement des arts et des lettres et le Fonds recueillant la taxe sur le matériel de reprographie, ainsi que du Centre national du livre et ses diverses commissions. Pour ce qui est du Salon international du livre d’Alger, l’ONEL exige l’instauration de «critères clairs, logiques et justes dans l’attribution des stands, tant en matière de surface que d’emplacement».