Une nouvelle résidence affiche la couleur... de l’histoire locale
Des discours sentencieux, le maire Marc Vuillemot pour couper le ruban tricolore, une dizaine d’élus présents, mais aussi des fonctionnaires territoriaux ou des Seynois bien connus du monde associatif : c’est peu dire que l’inauguration, hier midi, de la résidence Victor-Content a revêtu des airs solennels. Et pourtant, il ne s’agissait bien là « que » de célébrer la livraison de 24 logements sur trois niveaux, un parking et deux locaux commerciaux au nord du centre-ville. Pourquoi, alors, une telle pompe ? Tout simplement en raison de la portée symbolique de ce bout de terrain situé à l’angle des avenues Jules-Verne, Gambetta et Emile-Zola. Le bâtiment a en effet été édifié par le promoteur Searim en lieu et place de la Fabrique de couleurs Victor-Content. Une entreprise fondée en 1883 qui, comme son nom l’indique, a longtemps fourni en peinture, vernis et autre mastic les artisans de toute la région, les constructions navales comme les compagnies de navigation. Bref, un pan de l’histoire locale tombé sous les pelleteuses ces derniers mois, mais pas dans l’oubli, grâce notamment aux actions conjuguées de la municipalité, du maître d’ouvrage, de l’architecte et de quelques historiens locaux. C’est ainsi que deux meules du XVIIIe siècle et leur cuve de 5 tonnes, qui servaient à fabriquer le mastic, ont été « sauvées» de la destruction et trônent désormais sur le rond-point Fritz, à l’entrée de Brégaillon.
Finies les nouvelles constructions ?
Quant à la résidence flambant neuve, elle a pris le nom de l’entreprise seynoise emblématique. Son architecte, le « local » Serge Hérisson, a aussi imaginé une imposante terrasse au premier étage pour relier les deux parties de l’immeuble. Objectif de ce « créneau » : faire en sorte qu’en face, la villa de la famille Content, elle aussi à grande valeur patrimoniale, ne soit pas cachée des regards par l’imposant édifice. Autant d’initiatives salutaires qui ne doivent pas masquer non plus à quel point le bâtiment est né dans la douleur. «A un moment, j’ai douté… », a soufflé Philippe Roux, le président de Searim, lors de l’inauguration. Des permis modificatifs, quelques soucis de voisinage et, donc, de conservation patrimoniale ont failli plusieurs fois remettre en cause le projet. «Ce ne fut pas un chemin de pétales de roses mais chacun peut être fier du résultat », a apprécié le maire, dont le service d’urbanisme s’est vu chaleureusement félicité par les différents acteurs. Marc Vuillemot a aussi tenu à livrer une conclusion à l’adresse de tous les Seynois qui ne se réjouiront pas de voir un nouvel immeuble faire son apparition en ville. « Je suis désolé pour les constructeurs mais à part les projets déjà en cours, je pense qu’on va devoir s’arrêter là! »