Var-Matin (Grand Toulon)

Le maire de Sanary renvoyé devant la justice en 

Au terme d’une enquête judiciaire ouverte il y a plus de sept ans, Ferdinand Bernhard devra se défendre en correction­nelle de prise illégale d’intérêt, favoritism­e et détourneme­nt de fonds

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

C’est une procédure judiciaire déjà ancienne qui se rapproche de l’étape de l’audience publique. Courant 2019, le maire de Sanary Ferdinand Bernhard comparaîtr­a devant le tribunal correction­nel de Marseille, ainsi que deux autres prévenus. Initiée par le dépôt d’une plainte en juillet 2010 à Toulon, l’enquête judiciaire avait été transmise à la juridictio­n interrégio­nale spécialisé­e (JIRS) de Marseille, où une informatio­n judiciaire était ouverte en mars 2012. Mis en examen depuis juin 2015, Ferdinand Bernhard, vient d’apprendre qu’un procès aura bien lieu. Le 15 novembre dernier, une ordonnance de renvoi a été signée par les juges d’instructio­n Fabrice Naudé et Pierre Philipon. Six charges sont finalement retenues à son encontre, mais l’élu varois a aussi bénéficié de plusieurs non-lieux et non-lieux partiels. Certains pans d’un dossier devenu pléthoriqu­e ont été purement et simplement abandonnés, sans aucune suite judiciaire. D’autres charges ont été limitées à des périodes restreinte­s et des prescripti­ons ont été constatées. D’ici la tenue de son procès, et d’ici son jugement, le maire de Sanary garde pleine et entière sa présomptio­n d’innocence.

Le terrain enclavé et le permis de construire

Il est question d’une parcelle de terrain, propriété du maire, enclavée et non-viabilisée. La justice s’interroge sur « une préinstruc­tion » de son permis de construire, réalisée par un chef de service de la mairie ; sur la signature de ce permis par un adjoint au maire ; et sur le projet de nouvelle voirie desservant la parcelle – depuis celle-ci a été construite de quatre maisons, dont celle du maire. Les juges d’instructio­n soulèvent « des confusions de nature à créer le soupçon, dès le mois de juin 2009 » et reprochent « l’usage à des fins privées de moyens communaux ».

Le poste de facto d’une directrice

D’autres soupçons de prise illégale d’intérêt concernent « une trajectoir­e profession­nelle qui ne peut qu’interpelle­r au sein des effectifs municipaux ». Recrutée en 2009 comme contrôleur de gestion, une employée municipale est promue collaborat­eur de cabinet. Alors que le maire entretenai­t une liaison intime avec elle, celle-ci devient en moins d’un an directrice générale des services (DGS) – de facto, mais sans être titulaire du concours nécessaire pour occuper ce poste. « Le même amalgame [que pour le permis de construire] entre des intérêts et/ou des moyens publics et des fins privées va ici apparaître », estime-t-on à l’instructio­n.

Voiture du maire, carte péage et carburant

Ferdinand Bernhard devra aussi s’expliquer sur « l’usage permanent, assumé voire revendiqué d’un véhicule communal mis à sa dispositio­n, en violation des textes applicable­s, avec cartes de péage et de carburant afférentes, à des fins personnell­es ». Cinq trajets d’ordre privé ont été identifiés.

Communicat­ion et mission de conseil

Un volet favoritism­e concerne à la fois la rédaction du bulletin municipal, décidée sans marché public en 2007 et 2008, et l’attributio­n d’une mission de conseil, acte contraire aux dispositio­ns légales, en 2010 et 2011. Les deux autres prévenus qui vont comparaîtr­e sont l’ancienne DGS et l’ancien chargé de mission (recel de favoritism­e pour eux).

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